Mort de Kwame Ture Aka Stokely Carmichael

Kwame Turé est mort le 15 novembre 1998. Dès qu’il avait compris que sa maladie lui était fatale et qu’il sentait ses forces s’épuiser, il a confié la mission à sa famille politique de l’aider à perpétuer et à mettre à jour sa lutte même dans le trépas. C’était la meilleure façon de le “faire vivre”.
Depuis lors, en Guinée, aux Etats Unis, au Ghana, et partout dans le monde, le combat des forces progressistes connait une nette évolution, un enrichissement constant né des expériences acquises. C’est pourquoi ce combat mérite d’être perpétué. Il nous revient de le faire maintenant sans Kwamé Turé.
“Mister Panafricanisme” comme l’appellent depuis des lustres ses camarades et disciples (et nous aussi) ne fut pas cependant qu’un simple leader. Ses disciples le savent bien et ceux qui auront à le découvrir s’en rendront bien compte. Il s’agit avant tout d’un intellectuel de haut niveau, au sens plein du terme, qui fit de son parcours exaltant un exemple vivifiant pour des millions et des millions d’africains. La patte singulière de Kwamé Turé se reconnait dans l’abondante histoire des “hommes africains décisifs” qui ont marqué le 20ème siècle. De l’ensemble jusqu’au menu détail , Kwamé Turé s’est imprégné de tous les aspects de la lutte en se désaliénant de tout ce qui pouvait compromettre ses idées. Tous ceux qui ont connu Kwamé Turé – ses anciens camarades de SNCC , des Blacks Panthers , du PDG- RDA ou de l’AARP, sa famille et ses proches , ceux dont il a discuté minitieusement les idées – peuvent retrouver de sa voix , la vigueur de ses convictions , les choix théoriques qu’il n’a cessé de défendre. Faire vivre Kwamé Turé c’est aussi continuer de faire vivre un ton , des choix , une ambition pour l’Afrique , bref un grand directeur de consciences.
Il s’agit d’un homme qui, pour l’Afrique et les africains, a beaucoup “mouillé sa chemise” , au sens propre comme au sens figuré , dans les meetings, les conférences, et autres combats révolutionnaires, qui a consacré l’essentiel de son temps à transmettre son savoir et ses expériences , à encadrer la jeunesse militante noire du monde, à diriger les groupes chocs en charge de mener l’action révolutionnaire , faisant fi de la construction de sa propre vie. Une vie pleinement au service d’un Peuple et de tout un continent . Kwamé Turé a fait de nous des héritiers de son combat – une marque de sa confiance – mais il nous faut aussi la gagner.
Dramane DIAWARA (DD)